 Carl Andre
 Art & Language (Mel Ramsden)
présentation des collections / archives
en 1994 
 Bernd et Hilla Becher
présentation des collections / archives
Section des stylites 
 Étienne Bossut
 Daniel Buren
présentation des collections / archives
Section des stylites 
 Victor Burgin
 Gérard Collin-Thiébaut
 Peter Downsbrough
 Miguel Egaña
exposition temporaire
L'Art (c'est) secondaire, 1979 
 Dan Flavin
présentation des collections / archives
en 1994 
 Donald Judd
 On Kawara
exposition temporaire
Thanatophanies, 1995 (édition de 1995) 
présentation des collections archives
Section des stylites 
 Sol LeWitt
présentation des collections / archives
Modèles modèles 
 Allan McCollum
 Maurizio Nannucci
 Roman Opalka
 Claude Rutault
 Bernar Venet
expositions temporaires
Équations / Figures, 2000 
Espace miroir noir, 1963 (1999)
et œuvres noires, 1961-1963 
présentation des collections / archives
Espace miroir noir, 1963-2006 
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L'Appartement 
Carl Andre, Art & Language (Mel Ramsden), Pierre Aveline, Robert Barry, Bernd et Hilla Becher, Mel Bochner, Étienne Bossut, Stanley Brouwn, Daniel Buren, Victor Burgin, Ian Burn, André Cadere, Sarah Charlesworth, Gérard Collin-Thiébaut, Walter de Maria, Peter Downsbrough, Miguel Egaña, Dan Flavin, Donald Judd, On Kawara, Joseph Kosuth, Claude Lantier, Sol LeWitt, John McCracken, Allan McCollum, François Morellet, Tania Mouraud, Maurizio Nannucci, Roman Opalka, Mel Ramsden, readymades belong to everyone ®, Claude Rutault, Bernar Venet, Lawrence Weiner, Rémy Zaugg
A l’extrémité du Loft Don Judd s’ouvre la porte de L’appartement. Espace domestique autant que scène sociale, cet appartement est la reconstitution fidèle (mobilier, décor, œuvres d’art) de celui qu’a occupé et aménagé Ghislain Mollet-Viéville au 26 de la rue Beaubourg à Paris, de 1975 à 1991. Collectionneur, agent d’art, expert auprès des tribunaux, G. Mollet-Viéville est avant tout un esthète qui a consacré, dès la fin des années 60, son activité professionnelle à l’art minimal et à l’art conceptuel, dans le même temps qu’il déterminait rigoureusement son lieu de vie et jusqu’à son existence selon leurs principes. Aussi cet appartement peut-il être vu comme une œuvre en soi.
En regard des autres salles du Mamco où sont proposés différents modes d’exposition de ces mêmes formes d’art, L’appartement les met à l’épreuve d’une insertion dans un univers privé quotidien. De sorte qu’entre ses occupants éphémères que sont les visiteurs et les œuvres de la collection de G. Mollet-Viéville peuvent se nouer des relations plus intimes, en marge de l’expérience de l’espace muséal public.
Ce rapide aperçu sur quelques œuvres de la collection permet de dégager les critères qui ont guidé les choix de G. Mollet-Viéville et les principes qui régissent son univers esthétique :
— Ses pièces intègrent dans leur propre conception leurs modes de présentation ; elles se dispensent de tout socle, cadre, éclairage et autre instrument de mise en scène de l’art au profit d’une expérience intellectuelle et sensible, libre et immédiate.
— S’agissant des objets et des peintures, leur ensemble constitue un lexique de formes élémentaires, logiques et radicales qui tiennent à distance tout anthropomorphisme et toute narrativité.
— Enfin, cet art tient essentiellement à des protocoles de réalisation aussi contraignants que libéraux : les néons peuvent être remplacés, les dessins muraux effacés, les photographies détruites et retirées, si l’on s’en tient aux indications de l’artiste. Ainsi le collectionneur devient-il pour une part un producteur. Le faire et le savoir-faire lui reviennent. Il lui appartient de donner forme à ses œuvres dans son contexte d’existence.
Dans L’appartement, les conditions d’un dialogue d’une œuvre à l’autre, d’une série d’échos et de correspondances ont été mises en place, travaillées, affinées pendant plus de quinze ans, si bien que le lieu en soi peut désormais être envisagé comme une œuvre globale.
Aujourd’hui installé dans un nouvel espace à Paris, G. Mollet-Viéville a choisi de mettre son environnement en accord avec son engagement pour les modalités conceptuelles (c’est-à-dire déjà, immatérielles, ou plutôt, dématérialisées) de l’œuvre d’art. C’est donc dans un appartement quasiment vide et en tout cas dépourvu de toute œuvre visible qu’il accueille maintenant ses visiteurs, l’agent d’art n’ayant plus à proposer que des discours, des idées, des protocoles, des projets, en un mot des concepts sans autre support matériel que leur mémoire informatique. Ainsi s’explique le fait que le Mamco ait pu reconstituer L’appartement. En quoi il agit en tant que musée, demeurant dans la contradiction de ne pas tirer toutes les conséquences des œuvres qu’il accueille.
On notera enfin que ce cabinet d’un amateur professionnel d’art contemporain qui se vit aussi comme un acteur de cet art est certainement un des paradigmes auxquels se sont référés les collectionneurs critiques que sont Yoon Ja et Paul Devautour dans la conception de leur studio (au 1er étage du Mamco). Il sera aussi intéressant de confronter L’appartement avec les salles Ménard et Pécuchet, ce musée des copies en abîme subtilement édifié par Sherrie Levine.
Valérie Mavridorakis
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