Vues partielles de l'installation 176. internationale d/m, 1981 (2000) coll. Jean Brolly, Paris |
Claude Rutault, 176. internationale d/m in cycle Vivement 2002 !, premier épisode |
En 1973, Claude Rutault énonce sa première « définition / méthode » (d/m) : « une toile tendue sur châssis peinte de la même couleur que le mur sur lequel elle est accrochée. sont utilisables tous les formats standard disponibles dans le commerce quils soient rectangulaires, carrés, ronds ou ovales. laccrochage est traditionnel. » Depuis, il en a proposé 293 autres, qui ont toutes pour ambition de viser à une déconstruction générale des modes dexistence du tableau. Initialisée en 1981, la « d/m » inventoriée sous le titre « 176, internationale d/m » est exposée au Mamco depuis le mois de février 2000. Elle occupe une salle entière du premier étage quelle partage avec la « d/m 170. Inventaire 2 » (1989), un stock de toiles de format identique équivalent au nombre de « d/m » décrites au jour de linstallation. « 176, internationale d/m » consiste actuellement en un ensemble de quatorze « calicots », c’est-à-dire de supports publicitaires, présentant en treize langues différentes (le français, l’espagnol, le chinois, le turc, le philippin, l’italien, l’ourdou, le hindi, l’allemand, le russe, le tagalog, l’anglo-américain une occurrence récente en néerlandais n'est pas encore exposée ici) l'énoncé suivant : « à vendre toiles tendues sur châssis à peindre de la même couleur que le mur sur lequel elles doivent être accrochées. s’adresser ici ». L’annonce est complétée parfois par un numéro de téléphone qui accentue l’effet de réel produit par le graphisme plus ou moins idiomatique de chaque langue. La « d/m » est en outre assortie de deux conditions de présentation : « 1. à l’extérieur, les calicots sont présentés comme des annonces immobilières, quel que soit le pays, le calicot doit permettre d’assurer une possibilité de contact réel pour acheter ce qui est proposé. 2. dans le cadre d’une exposition, c’est l’ensemble des calicots réalisés qui sont exposés. l’un d’eux au moins est dans la langue du pays. à l’intérieur ces calicots sont accompagnés d’une ou plusieurs piles de toiles. » Cette dernière sous-condition étant remplie ici par l’exposition conjointe de la « d/m 170 ». Comme toutes les œuvres de Cl. Rutault, « 176, internationale d/m » se définit comme un protocole précis dont les modalités d'exécution reposent non sur l’artiste, mais sur celui qui choisit de la « prendre en charge », en l’occurrence Jean Brolly qui en est le propriétaire et qui passe commande de ses diverses occurrences linguistiques. Elle se situe donc dans une lignée conceptuelle que Lawrence Weiner a catégorisée lorsqu'il a conclu sa déclaration d'intention en affirmant qu'« il appartient à l'acquéreur éventuel de préciser les conditions de réalisation de l'œuvre ». Mais la démarche de Cl. Rutault spécifie ce cadre de travail en définissant à chaque fois les règles que le « preneur en charge » a à assumer pour faire en sorte que l'œuvre soit accomplie. Loin de se limiter à un seul régime d'existence factuel, il en explore aussi les différentes facettes mettant à jour non seulement ses conditions de production, mais aussi d'exposition, de pérennisation à travers ses différents propriétaires… ou, comme ici, de distribution. Comme le dit Cl. Rutault, cette « d/m » est dans la logique de la démarche : dès lors que les tableaux s'accumulent et se stockent, il faut aussi qu'ils se diffusent. |
Claude Rutault est né en 1941 aux Trois-Moutiers ; il vit à Vaucresson. |