Vue partielle de l'exposition |
Tatiana Trouvé, The Longest Echo — L’Écho le plus long in cycle Des histoires sans fin, séquence été 2014 |
I Cento Titoli L’œuvre de Tatiana Trouvé s’est développée à travers l’écriture de diverses manières. Une poétique des titres y est déjà circonscrite dans le Module des Titres de son Bureau d’Activités Implicites. La configuration de ce dernier, qui se présente sous la forme d’un lit double à conversation muni d’un miroir et de deux hygiaphones, met l'accent sur une sorte de latence insomniaque nécessaire à l'écriture. Sur ses parois en mousse sont épinglés des cartels où sont inscrits les titres, les dates et les matériaux de sculptures, installations et performances. Aucun d’eux ne peut s’épanouir dans les matières ou formes qu’il désigne (Hollywood ne veut pas de moi, carotte et miroir, 1997 ; Une perspective à quatre points de fuite sur le monde, 1997 ; L’évènement qui illumine son propre passé, soixante-huit centimètres de fumée, 1998…), car les titres sont des élans contrariés et figés dans l’instant de leur énonciation. C’est à cette catégorie de titres que se rapportent les cent titres accrochés à une tige métallique reliant les deux valises de I Cento Titoli (« Les Cent Titres »). La plupart d’entre eux sont d’ailleurs issus de ce module, mais redistribués selon une logique chronologique qui conduit de 1968 à 2068 (de I Cento Titoli, 1968 à Cento Anni di Solitudine, 2068). Les cent titres couvrent cent ans, agissent rétrospectivement (1968 est l’année de la naissance de l’artiste) et prospectivement. Chaque année, un nouveau titre s’actualise et modifie la portée de l’œuvre : (…) A suitcase that packs and unpacks itself, 2010, Logics of wandering ; The intense tiredness of the one who wears herself out seducing, 2011, Young Girl ; He will be, he is, 2012 ; Located in the void, she dreams of being the original version, 2013, Images from oblivion ; The Passing past, 2014, Fabric, pencil, eraser, list of titles, swimsuit, resin, cardboard suitcase, cushion, mask, brushes, mattresses, camera, phone, shellack ; The silence years, 2015, digital video (…). I Cento Titoli est ainsi programmée par ses titres qui font varier sa portée point par point, et tracent sa trajectoire dans le temps à travers leurs différentes impulsions. Mais aussi, dans un effet de court-circuit, ces deux lourdes valises, immobiles, portent ces titres et contiennent tous les matériaux de leurs œuvres potentielles. |
Tatiana Trouvé est née en 1968 à Cosenza ; elle vit à Paris. |
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