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  Gordon Matta-Clark 

expositions temporaires
Biens communs II, Les Chambres  Matta_Clark_Chambres
Aimer, travailler, exister. Propositions communautaires dans l'après-1968  

présentation des collections
Open House, 1972 (1985)   


Yoon Ja et Paul Devautour, Un cabinet d’amateur
Coll. des artistes

Tomas Espina, Dominio, 2011
Coll. Mamco

Sylvie Fleury, Bedroom Ensemble, 1997
Coll. Mamco

Amy O’Neill, Pilgrim Boudoir, 2007
Coll. Mamco






Biens communs II, Les Chambres

Alain Bublex, Nina Childress, Yoon Ja et Paul Devautour, Tomás Espina
et Martin Cordiano, Sylvie Fleury, Amy O’Neill, George Segal

in cycle L’Éternel Détour, séquence automne-hiver 2012-2013
du 17 octobre 2012 au 20 janvier 2013


Pièce familière où se projettent les rêves et les secrets de l’intime, ou pièce d’apparat, comme les fameuses stanze décorées par Raphaël dans le palais du Vatican, la chambre est le lieu d’une relation singulière entre les œuvres d’art et le spectateur. Elle leur impose une proximité physique et une mise en présence quotidienne. Les « chambres » du Magasin des panoramas sont chacune investies par l’univers d’un artiste avec des œuvres de la collection du musée.


Dans un musée, le propre de la chambre, surchargée d’informations, est de s’opposer au white cube qui coupe les œuvres de tout contexte jugé parasitaire. Cette richesse sémantique en fait une pièce que les artistes présents au Mamco ont souvent abordée, que ce soit Siah Armajani, Maria Nordman ou Sarkis et Gérard Collin-Thiébaut. Les chambres de L’Appartement de Ghislain Mollet-Viéville (exposé en permanence au troisième étage) sontà la fois publiques et privées ; l'agent d'art y vivait sous le regard des visiteurs, en représentation de lui-même et des artistes qu’il promouvait. En écho, la collection Yoon Ja et Paul Devautour, (re)constitue un confortable studio peuplé d’œuvres d’art hétéronymes qui ne prennent véritablement sens qu’une fois agencées, comme dans Un cabinet d’amateurs où le musée l’avait montrée une première fois. Dominio, de Tomás Espina et Martin Cordiano montre aussi une pièce arrangée comme lieu de vie, mais désertée de toute présence humaine et surtout qui laisse deviner au visiteur un désastre inconnu, dont il ne voit que les cicatrices. Le seul souvenir sonore de la catastrophe est perceptible et fait office de catalyseur de l’imagination. La chambre n’est plus cette pièce dans laquelle on dispose des œuvres, elle fait œuvre elle-même. Et lorsqu’on y installe une peinture comme celle de Nina Childress, c’est l’œuvre qui fait chambre. La peinture est une nature première pour cette artiste ; aussi est-il tout naturel que sa Grande Chambre verte trouve écho dans l’histoire de la peinture. En 1907, après avoir peint à Berlin des décors de Kammerspiele — de « théâtre de chambre » — Edvard Munch (1863-1944) entamait sa série de peintures autour de La Chambre verte dans laquelle il organisait la perspective et le hors champ de manière à intégrer le spectateur dans le tableau. N. Childress utilise un procédé différent. En face de son tableau, de grands miroirs unifient l’image et l’espace du visiteur et de la toile. Bedroom Ensemble de Sylvie Fleury assume plus explicitement un rapport avec l’histoire de l’art en réinterprétant une installation de Claes Oldenburg. L’artiste américain avait reconstitué, à partir de 1963, des chambres d’hôtel dont il gardait le souvenir. Avec ses fausses fourrures d’animaux exotiques, ses faux marbres et ses fausses perspectives Bedroom Ensemble pointait en souriant la doucereuse étrangeté de ces lieux d’intimité passagère. S. Fleury laisse son propre vocabulaire de textures et de couleurs envahir toute la chambre et pousse la proposition d’Oldenburg à ses extrémités.

À l’opposé de cette chaleur irréelle, Motel Room, de George Segal met en scène une narration silencieuse où percent la violence et la détresse du drame humain. Les personnages de plâtre déplacent le registre des émotions vers la sphère artistique en immobilisant un instant crucial.

Inhabitée et impersonnelle, la chambre du Quoddy Motor—Inn d’Alain Bublex est, elle, d’une désolante banalité, tout juste contreplaquée d’une couche de désuétude. Chambre de motel typique de l’Amérique du nord, elle additionne les lieux communs. Mais le Quoddy Motor—Inn n’accueillera jamais les touristes de Glooscap, cette ville de trois millions d’habitants, dans le Nouveau-Brunswick, qu’A. Bublex a inventée à partir de 1985 avec Milen Milenovich. En cherchant le plus grand réalisme possible, l’artiste a doté sa ville d’une histoire, de quelques personnages célèbres (notamment l’écrivain Félicien Marboeuf), et surtout en a documenté précisément la topographie, l’urbanisme, jusqu’à éditer des cartes postales reproduisant les photographies de ses rues.

Enfin, le Pilgrim Boudoir d’Amy O’Neill rend aussi un hommage ambigu à la culture vernaculaire américaine en reproduisant des meubles conçus par R. Overholzer pour son refuge de chasseur qui n’abrita jamais personne : « The Shrine of Pine ». Le rapport entre la chambre et le rêve s’inverse : la première cristallisant la poursuite du second.