Xavier Veilhan, La Forêt, 1999 in Récit d’un temps court, été 2016 |
Après s'être immiscée en divers lieux d’Europe, la Forêt de Xavier Veilhan se déploie à nouveau dans une salle du MAMCO. Elle avait poussé sur le sol genevois en 1998, lors d'une exposition personnelle de l'artiste au musée. Loin des bruissements et des fourmillements qui caractérisent les véritables sous-bois, de larges pans de feutre recouvrent sol et murs et simulent une population de troncs d'arbres sans frondaison. Un paysage de futaie se dessine par ces grands cylindres irréguliers dans la lumière froide des néons. Cette œuvre n'est ni un simulacre ni la représentation fidèle d'une forêt : on y joue un théâtre sans scénario ni dialogue, et les acteurs sont les visiteurs. Pour Xavier Veilhan, « le lieu d'exposition […] place les visiteurs dans un espace fictif, l'espace même de la fiction. En se déplaçant sur un "socle abstrait", le spectateur devient objet de représentation, au même titre que les autres composantes de l'œuvre. » Au visiteur donc d'investir l'espace, de déambuler, de s'arrêter, de s'asseoir au cœur de ce bois offrant d'autres possibilités d'appréhension et de perception visuelles, olfactives, auditives et tactiles. Le son est assourdi par les matériaux et les voix sont étouffées. Rien ne perturbe ce cocon exempt d'épinaie. Coupé du monde, il est peut-être possible de s'y sentir en sécurité´, comme l'écrivait le promeneur solitaire Jean-Jacques Rousseau : « Il me semble que sous les ombrages d'une forêt, je suis oublié, libre et paisible comme si je n'avais plus d'ennemis. » |
Xavier Veilhan est né en 1963 à Lyon, il vit à Paris. |
www.veilhan.net |
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