Vues partielles de l’exposition |
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Francis Baudevin, Lost and Found, 1987-2005 in cycle Mille et trois plateaux, troisième épisode |
Tableaux, peintures murales, aquarelles, collages, photographies, artefacts, les œuvres de Francis Baudevin ne sont pas circonscrites dans le seul médium de la peinture qui pourtant identifie son travail. Quand il débute, au milieu des années quatre-vingt, la peinture, c’est-à-dire, à l’époque, la peinture abstraite d’inspiration géométrique, prend acte de la fin historique de l’abstraction comme programme et style de la modernité. Cela signifie qu’on ne peut plus peindre de tableau abstrait, que tout tableau abstrait est désormais toujours déjà une image d’un tableau abstrait. Cette impossibilité d’échapper à la représentation apparaît comme la condition contemporaine du tableau. Cela tient à la « victoire » (certes relative) des esthétiques abstraites géométriques dans les années dix et vingt du XXe siècle. Victoire dans le champ de l’art comme dans celui des autres formes de la vie matérielle (architecture, design, graphisme, etc.). Cette contagion de l’esthétique construite et non-figurative a progressivement installé la culture visuelle de l’abstraction dans notre environnement. Dans le même temps, la peinture a exploré (sinon épuisé) l’essentiel des possibilités plastiques de son auto-démonstration géométrique. Code saturé d’un côté, code généralisé de l’autre : le fantôme de l’abstraction est partout. C’est pourquoi, dès le début des années soixante mais surtout dans les années quatre-vingt, les peintres ont imaginé non plus d’inventer leurs motifs mais d’en prélever les modèles 'ready-made' dans les formes du réel informées par la culture visuelle géométrique. C’est ainsi que F. Baudevin a développé une réflexion sur la peinture dans son destin d’image en trouvant ses structures (formes, couleurs, etc.) dans le domaine du graphisme publicitaire, en l’occurrence les emballages qui sont au principe du devenir-marchandise du monde. La modernité a fini dans le 'packaging' des objets auxquels nous a aliénés la société de consommation ; la peinture de F. Baudevin y reprend son dû avec humour et nostalgie. Son décryptage post-moderne des codes du simulacre et des simulacres de codes est éminemment politique : il redonne lieu à la peinture, rôle au tableau et il réassigne à l’art la tâche ingrate et belle de critiquer les apparences en en stylisant les ombres portées. |
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