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  Claudio Parmiggiani  

présentations des collections
Delocazione, (1970) 1995 ;
Cripta, 1994 ;
Horloge, 1994  
 

présentations des collections / archives
Solo 3 ;
Luce, luce, luce, 1968 (1995)  
 
Modèles-modèle   
Modèles modèles 2   

Claudio Parmiggiani,
Solo 3
 ; Luce, luce, luce, 1968 (1995)


Le Mamco expose régulièrement plusieurs œuvres de Claudio Parmiggiani, artiste italien qui a débuté son travail artistique en 1960. Parmi elles, il y a des pièces qui occupent l’espace du musée, son architecture (Luce, luce, luce, 1968 (1995)), des maquettes et des photos (Une sculpture, 1975-1991) et des travaux de dimensions plus modestes (Sans titre, 1990 (1996)). Cet ensemble montre l’étendue du registre formel exploré par l’artiste dont l’œuvre est une vaste revisitation de la mémoire des formes.

Installée dans une salle du musée lorsqu’elle y est montrée, Luce, luce, luce (Lumière, lumière, lumière), réalisée pour la première fois en 1968, est une pièce purement optique composée de pigment (du jaune de cadmium utilisé pour peindre des décors de théâtre) déposé sur le sol. La couche de couleur fait plusieurs centimètres d’épaisseur et le visiteur est maintenu à l’extérieur de la salle par une barrière en plexiglas, cette séparation accentuant la dimension optique du travail. L’intensité de l’éclat de jaune et la force de la lumière qui se dégagent de l’installation, et qui attirent quasiment physiquement le spectateur, sont donc contrebalancées par une distance imposée, par l’impossibilité de toucher la couleur (et plonger ses mains dans le pigment est une tentation constante ici). Luce, luce, luce, un titre incantatoire qui est une sorte d’hommage à la luminosité mais aussi un appel à son triomphe, propose de la couleur pure, de la couleur spatialisée, en guise d’essentialisation de la peinture. Car l’œuvre est une manière de réduction de cette dernière à ce qui la constitue en propre : du pigment utilisé d’habitude pour faire une trace ou une figure. Pas de tableau donc mais ce sans quoi il ne peut y avoir de peinture (et d’histoire de la peinture). Pas d’image, et pourtant cette salle saturée de jaune et de lumière devient une image pour notre esprit, laisse une trace indélébile dans notre mémoire.
Une sculpture, un autre travail présent dans les collections du Mamco, explore, comme son titre l’indique, la matière, le volume et l’espace. Il s’agit de quatre maquettes en bois qui représentent une clef, une tour ou un labyrinthe. Elles sont accompagnées de quatre photographies en noir et blanc qui montrent les modèles réalisés en brique. Ces sculptures habitables sont installées dans quatre régions du globe en fonction des quatre points cardinaux : une est en Égypte, une autre en France, dans le Tarn, une autre en Italie et une dernière en Tchéquie (à Prague). Les formes qui sont ainsi utilisées par Parmiggiani sont récurrentes dans l’histoire de l’art : le cercle, la tour, le labyrinthe peuplent tout autant la peinture que les constructions inventées par les hommes. L’artiste s’en sert pour créer des sculptures qui sont aussi des architectures dans lesquelles le visiteur circule. Comme dans Luce, luce, luce, l’œuvre possède un indéniable impact physique : l’art de Parmiggiani passe par le corps pour produire des lieux actuels et profondément reliés à l’histoire, des espaces contemporains fortement ancrés dans la mémoire des formes et des gestes. Car, chez lui, la contemporanéité est la création d’une relation singulière avec l’histoire : elle est une façon de circuler dans l’épaisseur du temps. L’on retrouve ces liens temporels dans Sans titre, créé pour la première fois en 1990 et refait au Mamco en 1996 (très souvent chez Parmiggiani, certains protocoles plastiques sont réactivés à différentes occasions). Il s’agit d’une ligne (autre forme fondamentale) faite de morceaux de verre brisés présentés sur un support accroché à un mur. Ceux-ci sont les reliques d’un vaste labyrinthe en verre, à l’intérieur duquel il était possible de circuler, construit au Mamco puis détruit par l’artiste à l’occasion d’une performance. Ce geste, qui repose donc sur la destruction comme élément moteur de la création, ne vise pas à annihiler le point de départ du travail. Il ambitionne au contraire de le retravailler violemment pour proposer au public un état particulier de sa mémoire, un vestige ou une relique qui devient une production à part entière. Toujours et encore le souci de faire perdurer les choses, de trouver le moyen de les relancer dans le temps. Tous ces travaux mêlent savoir et archaïsme, intensité et délicatesse, contemporanéité et mémoire – ou plus exactement revisitation – de l’origine. C’est là leur façon d’être dans l’époque.


Claudio Parmiggiani est né en 1943 à Luzzara (Émilie Romagne, Italie), il vit à Bologne et près de Parme.