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  Didier Rittener 

exposition temporaire
Libre de droits   

présentations des collections / archives
Modèles modèles 2   
Nord 2  

W2
W3
Vues partielles de l'exposition




Didier Rittener, Libre de droits

in cycle Futur antérieur, séquence d'été 2010
Au verso des images  /  du 2 juin 2010 au 19 septembre 2010

Trois cent vingt-neuf dessins au crayon gris sur papier calque, au format identique, A4, furtivement troublés par une variation horizontale ou verticale, encadrés semblablement et discrètement de tilleul cérusé, le plus simplement et traditionnellement classés chronologiquement, filent une ligne continue sur les parois extérieures des salles du Magasin des panoramas : Libre de droits ouvre les « carnets de dessins » de Didier Rittener.


Tenir entre ses mains un carnet de dessins et en parcourir les pages procure toujours un plaisir particulier lié au sentiment d’être au plus près de l’apparition de l’idée. Les dessins de D. Rittener sont comme détachés d’un carnet virtuel — ils n’en ont pas le format habituel qui rend aisé sa permanence dans la poche, prêt à recueillir toute ébauche des « formes [qui] sont en nombre si infini que la mémoire n’est pas capable de toutes les retenir » (Leonardo da Vinci). Mais ils portent intrinsèquement cet aspect mémoriel qui lui est indissociable.

Lorsqu’il exécute en 2001 le dessin qui allait devenir le premier de l’ensemble aujourd’hui exposé, D. Rittener se lançait dans la constitution d’une archive personnelle liée au monde qui l’entoure. Et déterminait pour ce faire un protocole simple : le format, le papier calque, le crayon gris. Le dessin s’est ainsi imposé à lui comme une pratique fondamentale même si des objets participent de son travail. « Pour moi, le dessin est un choix conceptuel. Il est accessible à tous, bon marché, facile à transporter, proche du livre et de l’écriture. Et il offre un maximum de souplesse et de liberté, cette liberté que revendiquaient déjà les surréalistes dont les télescopages et détournements d’images et de sens m’ont ouvert la voie. » Cependant ces dessins, D. Rittener ne les expose que peu. Il les scanne, les travaille (parfois) à l’ordinateur puis leur applique un procédé chimique de transfert sur des lais de papier. Les dessins gagnent en dimensions jusqu’à adopter celles des murs de l’espace d’exposition. Dans le face à face des dessins initiaux et de ces grandes fresques en papier collé sur le mur, le jeu des renvois est largement ouvert… pas de reprises directes des motifs mais des zooms, des éclatements, des évocations.

Lorsqu’on approche le travail de D. Rittener, on entre immanquablement dans le monde de l’image. Des images qui nous ont passé sous les yeux, prélevées indifféremment et sans hiérarchie entre le populaire et le savant, dans la presse, la rue, la science-fiction, la publicité, la littérature, l’histoire de l’art. Des images que nous reconnaissons ou tout au moins que nous croyons reconnaître. Un portrait, un mur de pierre, une sculpture, un pic rocheux. Ailleurs des emprunts à d’autres artistes, Botticelli, Jasper Johns, Frank Stella, Caspar David Friedrich. Certains se laissent voir clairement, d’autres se devinent, d’autres encore sont presqu’imperceptibles. « Il faut, écrivait Michel Foucault (dans Les Mots et les choses), qu’il y ait, dans les choses représentées, le murmure insistant de la ressemblance, il faut qu’il y ait, dans la représentation, le repli toujours possible de l’imagination. » Si D. Rittener part généralement d’un matériau visuel existant, il ne situe pas sa démarche dans le registre de la copie, il retravaille cette trame initiale, la manipule, la passe au travers de ses filtres — chaque étape la particularise un peu plus — car, pour lui, réutiliser des formes existantes est un langage. Il nous propose le sien mais « laisse le visiteur imaginer l’histoire qu’il veut ».

Le visuel ce sont aussi des mots, des bouts de phrases prélevés d’un livre dont on ne connaîtra, bien sûr, pas la suite, saisis au fil d’une conversation, choisis pour leur musicalité, leur sens décapant d’autant plus prégnant qu’ils sont décontextualisés. D. Rittener fait un usage ludique du langage par le biais de la réduction et de la fragmentation. Mais il dédouble ce jeu linguistique en attribuant à l’écriture un statut d’image, en projetant les mots dans une graphie dessinée et en leur donnant une forme constallaire sur la page blanche qui provoque des juxtapositions paraissant inventer un poème à la signification inattendue.


L’ensemble des dessins est réuni dans un livre, Libre de droits, dessins 2001-2010 dont la parution aux éditions Attitudes coïncide avec l’exposition. Ce livre est un « manifeste dont le titre provient des anciens répertoires offrant des milliers de motifs et représentations libres de droits. […] ».


Didier Rittener est né en 1969 à Lausanne, il vit à Lausanne.