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  Clarisse Hahn 

expositions temporaires
Les Protestants, 2005  
Hôpital / Ovidie, 2000-2002  

Hôpital / Ovidie, 2000-2002
installation vidéo, projection et moniteur
coll. de l'artiste


Clarisse Hahn, Hôpital / Ovidie, 2000-2002

in cycle Vivement 2002 !, plus encore
du 27 mars 2002 au 28 avril 2002

Clarisse Hahn s’attache dans ses films et leur mise en dispositifs, au corps, aux codes et au processus d’innervation des êtres par les règles. Dépassant la quête voyeuriste de « transparence » et le constat sociologique d’une objectivation de l’être, elle propose des œuvres dont la composition artistique met en lumière ce qui échappe à la règle : l’humanité de l’autre. Celle-ci est en jeu dans les regards, les échappées de l’objectif, qu’a su capter la caméra. Le travail de montage et de (re)composition donne une présence intime, particulière, à ce qui pourrait devenir banal et réifié en marchandise : la chair. Ainsi elle remembre un corps épars à travers des temporalités différentes, fragmentées, qui sont autant d’instants volés au processus de production. « Ovidie » (2000), est un film issu d’une rencontre, celle d’une jeune actrice de films pornographiques et de son mari, James. Cl. Hahn a noué des liens privilégiés avec eux et a suivi différents tournages durant plusieurs mois. La plupart des scènes choisies montrent des instants de préparation des corps, l’attention portée aux ustensiles (autant godemichés que sexes, orifices : tout devient outil) et surtout à l’image de soi de chacun des protagonistes. Chaque partenaire se prépare isolément, il n’y a pas de véritable rencontre au sens d’un échange de regard ou de l’hésitation d’une main. Chaque geste est précis et correspond à la dictée du réalisateur qui souffle aussi les dialogues. La professionnalisation des actes et leur systématisme dépersonnalise les participants. Les scènes de photographies pendant tournage sont exemplaires de cette suspension du sujet, occupé à la meilleure pose, pour rendre la meilleure image. Tandis que le groupe des photographes alignés activent leurs appareils pour engranger le maximum de 'shoots' en un minimum de temps (rentabilité oblige), les acteurs posent, à la demande. La créativité est réduite au mimétisme hystérisé d’une imagerie codifiée. Sans origine, l’acte suspendu est soumis à une répétition qui n’est pas une scansion, ni un souffle. On retrouve une économie parallèle des corps et de leurs fonctions dans « Hôpital » (1999). Cette vidéo est diffusée sur un moniteur fixé sur un bras articulé. L’image se trouve parfois dans le champ visuel de l’écran de projection d’« Ovidie », provoquant une interférence tant sonore que visuelle. Les paroles « Vous sortez avec le soleil » prononcées par une infirmière peuvent être entendues sur les images d’un trio féminin pratiquant la sodomie avec un concombre. Le détournement des mots, sans adresse et décontextualisé renvoie au morcellement corporel, légumifié des personnes. Mais la symétrie s’arrête là, à cette fausse instrumentalisation. La suspension du sujet opérée par l’utilisation du « on » neutre et d’une série de banalités « il fait beau », « la vie est belle », n’est pas si opérante dans « Hôpital » car il y a un véritable échange réflexif du soignant au soigné « Toucher un corps qui va mourir... C’est un peu toi que tu vois... », « La douleur se répercute sur nous, on essaie de ne pas faire des soins douloureux ». La manière de filmer est beaucoup plus hésitante dans ce film et laisse la place à la vérité de la sénescence, une dépossession lente du corps sans fonction. Les noms d’emprunts des acteurs et les noms génériques attribués aux personnes âgées renforcent l’ambivalence d’une anatomie incomplète : une forme mélancolique que seul le regard du spectateur, passant, peut penser. En dehors de l’image, la présence de l’autre continue, réelle.

Marie de Brugerolle


Clarisse Hahn est née en 1973, elle vit à Paris.