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La Caniche à la Mode, 1981-1991,
coll. Ringier, Suisse ; Ziggurat Painting, 1986,
coll. Syz, Suisse.

français  I  english
Récit d’un temps court
du 1er juin au 4 septembre 2016

General Idea



Formé par AA Bronson (né en 1946), Jorge Zontal (1944-1994) et Felix Partz (1945-1994), le collectif canadien General Idea a produit l’une des œuvres les plus marquantes des années 1970 et 1980. Avec un sens aigu de l’ironie, prenant à revers le glamour des images populaires, l’idéologie des médias de masse et les poncifs véhiculés par le monde de l’art, leur travail se déploie sur une multitude de médiums.

Lecteurs attentifs des théories de la communication de Marshal McLuhan et des Mythologies de Roland Barthes, les trois artistes organisent en 1970 un concours de beauté pour élire Miss General Idea : une figure mythique aux contours flous, asexuée et sans visage qui leur tiendra lieu de muse. Dès l’année suivante, le groupe s’engage pour treize ans dans une vaste fiction, The 1984 Miss General Idea Pavillon. Derrière ce « projet » qui évoque les expositions universelles, se met en place une structure narrative qui accueille toutes sortes de formes et de manifestations. Selon leur principe de « form follows fiction », chacune des pièces produites pendant cette période renvoie ainsi systématiquement à la muse et son pavillon sur un mode allusif et fragmentaire.

En 1977, la destruction imaginaire du pavillon amène General Idea à produire de faux vestiges archéologiques. Brouillant la chronologie, le pavillon moderne à venir ne laisse plus voir que des décombres aux allures pompéiennes. On y retrouve notamment des fresques sur lesquelles apparaissent des ziggurats et des caniches, motifs récurrents dans l’iconographie du collectif. La structure géométrique de la pyramide mésopotamienne, apparaît en effet dès les premières œuvres des artistes, d’abord comme ornement, puis comme costume et finalement comme élément architectural du pavillon.

La rigidité géométrique des ziggurats contraste avec les arabesques des caniches, omniprésents dans les ruines du pavillon et dont un exemple est présenté dans cette salle. L’animal apparaît pour la première fois à l’occasion d’une performance réalisée au Centre d’art de Genève en 1984. intitulée XXX (bleu). Les trois artistes parodiaient alors les anthropométries d’Yves Klein avec de faux caniches plongés dans de la peinture bleue. Alors que le monde de l’art est à cette époque porté sur les néo-expressionnisme, General Idea prend pour emblème un animal domestique, symbole d’un statut social ostentatoire, proposant ironiquement une figure de l’artiste soumis au marché. Totem ambigu, le caniche permet également de jouer avec les archétypes gays auxquels le collectif est associé.

Si General Idea est reconnu internationalement dès le milieu des années 1980 — ils représentent notamment le Canada à la Biennale de Venise en 1980 et participent à la Documenta de Kassel en 1982, 1987 et 1997 — leur nom est surtout associé aujourd’hui au projet AIDS qu’ils développent à partir de 1987. Dans un contexte où le SIDA reste un sujet tabou, ils « infectent » les travaux d’autres artistes : les tableaux de Mondrian dont ils changent les couleurs et, surtout, le fameux LOVE de Robert Indiana, icône du pop art, détourné en AIDS et diffusé comme un virus dans les galeries, musées, et espaces publics des villes du monde entier. En 1994, les décès de Jorge Zontal et Felix Partz mettent un terme à General Idea. AA Bronson poursuit sa carrière d’artiste.