MAMCO CURRENT WEBSITE
2_1 MAMCO 2_1 AGENDA PRESSE CHRONIQUES MISCELLANEES RADIO FILMS
4_1 EXPOSITIONS COLLECTIONS ARTISTES PUBLIC EDITIONS MUSEE INFORMATIONS
COLLECTIONS_PRESENTATION COLLECTIONS_ARCHIVES
A B C D E F G H i J K L M N O P q R S T u V W x y Z
    

  Robert Filliou  

présentation des collections
Eins. Un. One…, 1984    

présentation des collections / archives
en 1994  

Robert Filliou, Eins. Un. One…, 1984


Le 29 septembre 1984 s’ouvre à Düsseldorf Von hier aus (« À partir d’ic  »), grande exposition collective dont l’ambition est de donner la pleine mesure de la scène artistique de la République fédérale allemande à un moment où elle apparaît à son apogée. Robert Filliou (1926-1987), qui a longuement séjourné à Düsseldorf entre 1968 et 1975, est invité. Il y expose Eins. un. one… Le catalogue décrit l’œuvre succinctement : « 5000 dés bleus, rouges, jaunes, noirs et blancs, de différentes tailles, avec sur chaque face un seul point, répartis sur une surface de neuf mètres de diamètre. »Actuellement, ces données semblent en partie discutées : notamment, le nombre de dés (de huit sortes différentes, selon la couleur du point, du dé et de sa taille) serait à augmenter (dans une fourchette de 12 000 à 16 000) mais, si l’on revient sur les faits, c’est presque l’ensemble de ce scénario qui pourrait être revu. Le catalogue de l’exposition personnelle de R. Filliou au Sprengel Museum de Hanovre inaugurée quelques mois auparavant reproduit en effet déjà un détail d’Eins. un. one… mais sans commentaire et sans reprendre la pièce dans la liste des œuvres exposées. De même, une photographie, publiée dans le catalogue de Von hier aus avec la légende « Hannover, Juli 1984 » montre R. Filliou avec Marianne, sa femme, et Marceline, leur fille, lançant ces dés en l’air, tendant ainsi à accréditer l’idée que l’œuvre relèverait de l’espace public. Dans le même catalogue, un long « statement » de Filliou élargit par ailleurs considérablement le statut formel de l’œuvre. Il y affirme en effet : « Eins. un. one… peut se concrétiser, se concrétise et se concrétisera sans limites dans les formes et les combinaisons de formes les plus diverses. » Pour illustrer cette réflexion, R. Filliou évoque trois possibilités de matérialisation : « Un jet aléatoire de 5000 dés ou plus sur une surface plane (pouvant aussi prendre forme de spirale, etc.) dans l’espoir qu’ainsi au moins se constitue l’impression furtive de l’interpénétration et de l’identité du cosmos entier. » Il y propose également qu’« un dé soit remis à 5000 personnes qui toutes alors porteront dans leur poche l’exposition comme souvenir tangible de l’unité (du tout) » ; il ajoute, enfin, qu’« à Düsseldorf, dans l’exposition collective Von hier aus, Eins. un. one… a la forme d’un mandala de 9 mètres ». Une photographie publiée dans la livraison de septembre-octobre 1984 du Kunstforum International, montre que cette « concrétisation » a été plus complexe. Les dés dispersés (parmi lesquels il faut mentionner également quelques simples petits cubes de bois qui ont aujourd’hui disparu) sont en effet loin d’assurer en eux-mêmes une figure circulaire qui paraît surtout délimitée par le dispositif d’exposition, une barrière peut-être induite par la position de l’œuvre dans le circuit de l’exposition (elle était proche de l’entrée), mais surtout par une autre donnée : ces dés reposent de toute évidence sur une surface différente du sol de la halle, plus claire et qui permet de renforcer la visibilité de l’œuvre.Pour commenter son œuvre, R. Filliou mettait en avant le bouddhisme. À quelques mois d’entrer dans une retraite de trois ans, trois mois et trois jours au Centre d’études tibétaines de Chanteloube, dans le Sud de la France, au terme de laquelle il décédera, il dit du mandala qu’il « montre son intérêt pour le lien entre art et tantra ». Mais, dans l’indétermination de son statut formel, Eins. un. one…rappelle aussi que R. Filliou, au contraire des artistes conceptuels stricto sensu, qui multipliaient les protocoles destinés à contrôler la réalisation et l’exposition de leurs œuvres, restait attaché à la démarche Fluxus dans laquelle son travail s’était développé depuis le début des années 1960 : inventivité, détachement et sens de l’improvisation, suivant l’esprit de la performance qui avait été le creuset de l’expérience Fluxus et de la sienne propre.