Sidney Stucki
exposition temporaire |
Vues partielles de l'exposition |
Sidney Stucki, Freeze, 1999 in cycle Patchwork in Progress 6 |
En 1996, pour une exposition réalisée à Forde (Genève), Sidney Stucki rassemblait dans un même dispositif un ensemble de pratiques et de signes employés jusqu’alors par l’artiste de manière indépendante : la peinture (abstraite) et la musique (électronique). L’installation était composée d’une peinture murale reproduisant à l’échelle du mur un 'flyer' annonçant une soirée donnée par l’artiste-DJ, de deux vidéos diffusant des images de diodes et d’une bande-son produite en direct par un synthétiseur. L’espace d’exposition se voyait ainsi renvoyé à un simple support d’information (logo, date, heure et lieux de la performance), diffusant une esthétique 'Techno' dans l’ensemble de la salle. « Tout se passe comme si, désormais, les moyens de la musique électronique (ses principes de composition, son potentiel de définition d’un espace ou ses propriétés temporelles) reconduisaient les possibilités de la peinture et inversément » (Lionel Bovier et Christophe Cherix in « White Noise », catalogue d’exposition, 1999). À Glassbox (Paris) en 1998, l’artiste a fait couvrir les deux grandes baies vitrées de la galerie par des bâches en plastique imprimé. Sur la première, des lignes horizontales noires de longueur et d'épaisseur variables se scindent aux deux tiers de la composition. La seconde impression reprend un motif analogue, constitué cette fois-ci d'un unique trait blanc sur fond noir créant ainsi une image en négatif légèrement décalée de la première. Il serait alors simultanément possible de considérer ces images à la fois comme des logos, des représentations schématiques de circulation de flux et des écrans de projection (d'une image en négatif sur l'autre). Le non-lieu généré par ce dispositif tient autant de l'impact graphique des pièces (la lumière du blanc semble absorber et parcelliser le noir), de la raréfaction des moyens formels utilisés, que de l’identification des signes déployés. Ainsi, la perception quasi synesthésique de l'espace occupé par les œuvres de S. Stucki prend immédiatement une configuration abstraite, mentale. Sur les murs latéraux, des projections vidéo montrent des gros plans de diodes électriques dont l'impulsion lumineuse semble rythmer la musique diffusée dans tout l'espace d'exposition frayant ainsi un parcours à la fois sensible et conceptuel entre les sons, les images en mouvement, les diagrammes et les logos conçus par l'artiste au pied de chaque bâche (« Listening Abstract TM »). Ce principe de réverbération de champs, de pratiques et de signes s’étend à l’architecture même de l’espace d’exposition : dans la seconde salle, une peinture murale est prolongée par une pièce au sol ponctuée de deux rangées de diodes rouges et vertes les mêmes qui sont disposées sur la plate-forme encadrant l'entrée sur rue. Ce chemin lumineux évoque le mobilier urbain des aéroports et l'aménagement des zones périphé-riques par excellence lieux de transition, de glissement d'un état de conscience à un autre. |
|