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  Sophie Ristelhueber 

exposition temporaire
WB   

Vues partielles de l'exposition
20 photographies couleur contrecollées sur aluminium, cadres bois ; 120 x 180 cm chacune



Sophie Ristelhueber, WB

in cycle Mille et trois plateaux, deuxième épisode
Conversations  /  du 22 février 2005 au 8 mai 2005

Sophie Ristelhueber, selon ses propres mots, « [s]’attache depuis plus de vingt ans, aux désordres de lieux traversés par des événements majeurs (mais d’origine très diverse), tels qu’une guerre civile (« Beyrouth, Photographies », 1984), un tremblement de terre (« Arménie », 1989), la première guerre du Golfe (« Fait », 1992), les conflits balkaniques (« Every One », 1994 et « La Campagne », 1997), les grandes frontières symboliques d’Asie Centrale, avant que le 11 septembre ne les mette en première ligne (« L’Air est à tout le monde, II, III, IV », 2000, 2001, 2002), la Mésopotamie, de Babylone aux conflits les plus récents (« Dead Set », 2000 et « Irak », 2001) ».

Dans la suite des cinquante-quatre photographies et dans le petit livre d’artiste qui les reproduit sous le sobre titre de W B, du nom anglais en usage là-bas, soit West Bank, « l’on retrouve de manière très dense », poursuit l’artiste française, « toutes les obsessions de [s]es travaux antérieurs : traces, cicatrices, destructions de la présence humaine ou encore constructions d’obstacles en tous genres pour se « séparer » de l’« autre ».

Les images qu’en novembre 2003, puis en février et mars 2004, Sophie Ristelhueber a rapportées de Cisjordanie sont celles aussi de son paysage intérieur. Aussi les a-t-elle accompagnées de ce seul petit texte (imprimé en 4e de couverture de son livre d’artiste) qui intègre, très librement traduite, une citation du « De rerum natura de Lucrèce » : «Qu’estce que je fais là, anéantie sur le toit de cette voiture ? Est-ce que je me dis qu’il est ‘doux de se tenir sain et sauf sur le rivage à regarder les autres lutter au milieu des courants déchaînés et des vents furieux. Non qu’il y ait du plaisir à tirer du malheur d’autrui, mais il est doux d’être épargné par un tel désespoir’ ? Sans doute, comme artiste, suis-je moi aussi en guerre. »

Pour « le reste », ces images montrent une contrée où les routes entre les villes et les villages sont coupées. Tout simplement coupées par de petites tranchées creusées le plus simplement du monde, à la pelle mécanique, ou parfois obstruées par des rochers et des blocs de béton amoncelés. Les routes, de part et d’autre de ces 'cuts', comme on le dirait dans la langue de la communication universelle, sont vides et singulièrement évidentes, ostensiblement présentes, mais pétrifiées et sans attente. Ces chemins sont privés de leur finalité, de leurs destinations ; ils ne relient plus.

L’art de Sophie Ristelhueber est de nous parler d’un pays lointain – qui est là où nous sommes. Ses grandes photographies de paysages de la séparation pourraient porter le titre de « No|w|here ». Car cette appellation (je l’emprunte à Markus Raetz) peut se lire, toujours dans la langue de la communication universelle, tout à la fois comme « nulle part » et comme « maintenant, ici ». L’artiste française, avec une force insistante, sait précisément se retirer sur cette limite et laisser parler à sa place les pierres et les champs déserts « deven[us] les réceptacles de [s]a révélation », comme le dit Hofmannsthal dans « La lettre de Lord Chandos » (1902).

En 1995, le Cabinet des estampes avait, sous le titre « Les barricades mystérieuses II », présenté une première fois les travaux de Sophie Ristelhueber.
[rmm]


Sophie Ristelhueber est née en 1949 à Paris.