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  Fabien Piccand 

exposition temporaire
You are Fabulous  

Everybody on Line, 2008 (détail)
Sériede 92 photographies ; 15,2 x 10.1 cm chacune
coll. Mamco, don Fabienne et Johanne Pantanella

Licence Cra # 003, 2006
Affiche CRA (Cantonal Rifle Association) — Autoportrait,
sérigraphie sur papier ; 100 x 70 cm
coll. Mamco, don Fabienne et Johanne Pantanella

Licence Cra # 004, 2006
Affiche CRA (Cantonal Rifle Association) — Autoportrait,
sérigraphie sur papier ; 100 x 70 cm
coll. Mamco, don Fabienne et Johanne Pantanella







Fabien Piccand, You are Fabulous

in Futur antérieur, séquence d'automne-hiver 2010
Logiques  /  du 20 octobre 2010 au 16 janvier 2011

Quand un rêve est trop grand ou mis à mal, il est une façon de le faire vivre, c’est de le relancer ailleurs, le faire passer du réel au fictionnel, le travailler dans l’imaginaire et le renvoyer dans la réalité.
Le champ de l’art est sans doute le trait d’union de cet effet « ping-pong ». C’est sur ce trait, que s’est faite notre rencontre, lieu où le rêve se consolide et se démultiplie.
Les travaux présentés ici sont le témoin d’un univers multiple, d’une générosité, mais aussi des difficultés à inscrire un rêve dans le réél.
Je tiens à remercier l’engagement de Fabien Piccand, les amis de Fabien et le Mamco pour son accueil.
Fabice Gygi, le 13 octobre 2010


Figure bien connue de la scène alternative genevoise, artiste, graphiste, régisseur de la « Nuit de la Science », organisateur d’expositions… Fabien Piccand laisse par sa disparition, une diaspora orpheline de son enthousiasme et de son esprit d’entreprise.
Au terme de sa formation d’architecte d’intérieur à l’École d’arts appliqués de Genève, il consacre, en 1996, son diplôme de fin d’étude au projet qui va donner corps aux revendications du milieu artistique alternatif. Un terrain en friche, proche de L’Usine, concentre son attention. Germe alors dans son esprit le concept d’un espace autogéré, dédié à la formation artistique ; sorte de communauté rappelant les guildes ou confréries de Saint-Luc qui réunissaient au Moyen-âge peintres, sculpteurs, imprimeurs en une organisation de type corporatiste, assurant la formation des artistes, la mise en place et le contrôle du marché de l’art.
Parmi plusieurs propositions, le nom ARTAMIS est choisi pour le territoire convoité, véritable mot-valise signifiant tout à la fois l’art entre amis, ou ami des arts. Le projet est simple, doter Genève d’espaces de création peu onéreux, transformer une zone de friche industrielle en zone de création, en bauhaus alternatif dans lequel différents corps de métiers auraient assuré, si le concept initial avait pu être mis en place, la transmission de savoir-faire multiples, vidéo, photographie, métiers de l’édition, ainsi que la mise en place de lieux de vie, bars et scènes musicales. Mais les choses ne vont pas de soi et il faudra des occupations illégales de bâtiments, des soirées techno, des campements improvisés Place du Bourg-de-Four, pour faire plier les pouvoirs publics.
L’activisme de F. Piccand sera toujours marqué par des relations conflictuelles avec les forces de l’ordre. Son militantisme en matière de dépénalisation du cannabis l’a conduit à créer le coffee-shop Delta 9 qui proposait un service de livraison à domicile de cannabis, une expérience par trop transgressive qui sera suspendue par les pouvoirs publics.
Incarcéré en 2005 à Champ-Dollon, F. Piccand réalise une série de dessins dans lesquels il pointe les conditions de détention, établissant à la façon des saint-simoniens le relevé de l’espace vital mis à la disposition de chaque détenu, ainsi que le système de surveillance auquel chacun est soumis.
Cette expérience le conduit à produire des œuvres, dans lesquelles l’emprise du système répressif est omniprésente, comme l’atteste cette série de portraits d’artistes réalisés à la façon des photos anthropométriques de présumés coupables sur fond de lignes d’étalonnage ou ces posters sur lesquels des figures post-adolescentes apparaissent comme des cibles potentielles. Pour remplacer l’ecstasy et le cannabis prohibés, F. Piccand imagine aussi un remède au mal de vivre les ZEE, véritable bataillon de figurines aux allures de gellules anthropomorphiques et aux vertus « extasiques » à effet placebo. L’humour n’était pas non plus étranger à ses réalisations et le concert Grande Jonction imaginé en 2008 comme une tentative de communication avec les extra-terrestres peut être perçu comme une nouvelle alternative pour « s’envoyer en l’air ».

L’exposition, organisée par le Mamco en hommage à Fabien Piccand a été confiée à l’artiste Fabrice Gygi, une occasion pour celui-ci de retrouver les voies d’une amitié trop vite interrompue.


Fabien Piccand est né en 1971, il est décédé en 2009.