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  François Perrodin

exposition temporaire
Fréquentables  

François Perrodin
Vue partielle de l'exposition




François Perrodin, Fréquentables

in cycle Des histoires sans fin, séquence automne-hiver 2013-2014
du 16 octobre 2013 au 12 janvier 2014


Œuvre silencieuse, nourrie de références à l’art concret et au minimalisme, le travail de F. Perrodin résiste aux discours par sa simplicité même. Pourtant, l’exposition du Mamco rend compte de trois décennies d’activité, durant lesquelles l’artiste a inlassablement exploré les possibilités et les enjeux d’un geste très simple : accrocher  des tableaux gris sur le mur. Mais dès lors que le programme semble si modeste, l’attention la plus minutieuse est portée au moindre détail.


Les tableaux de F. Perrodin ne sont pas peints sur toiles et ne représentent rien. Ou plutôt, ils ne représentent rien d’autre que des tableaux, s’y référant par leur forme et leur accrochage. Leur couleur, elle, se veut neutre, « pour des raisons de justesse et d’économie plastique ». Il s’agit néanmoins de gris très précisément élaborés, pour permettre notamment un jeu de valeurs avec les ombres qu’ils projettent sur le blanc du mur ou vers l’intérieur du tableau. S’ils n’étaient initialement composés que de noir et de blanc,  les gris de F. Perrodin tendent parfois vers d’autres tons, rappelant ainsi que cette couleur contient et mélange tout le spectre. Grâce au gris, « je pouvais, explique l’artiste, continuer à poser un problème de couleur sans qu’il vienne perturber les autres éléments du travail ».
Parmi ces autres éléments, se trouve bien sûr celui du format. Ici aussi, les rapports de proportions entre hauteur, longueur et épaisseurs sont minutieusement calculés. Le format détermine un rapport entre le tableau comme objet et comme surface  plane, de même qu’entre le cadre et le fond, unifiés pourtant par la couleur, ce qui est loin d’être insignifiant. En revanche, la surface et ses effets de matière permettent une distinction. Peinte en gris mat, elle implique une stabilité, une définition et une position dans l’espace ; recouverte de verre, elle brille, renvoie la lumière et reflète l’espace autour de l’œuvre. Les différentes possibilités offertes par la juxtaposition du mat et du brillant et des rapports formels entre cadre et fond sont déclinées en séries systématiques, comme pour explorer toutes les possibilités. Chaque œuvre est ainsi intitulée selon sa série et selon sa place dans cette série.
La démultiplication sérielle a des conséquences sur l’accrochage des œuvres. Elles se côtoient sur le mur et, d’une certaine manière, le mesurent. En effet, les espaces entre les tableaux font eux aussi partie de l’œuvre. En observant attentivement, le spectateur s’aperçoit que ces espaces sont précisément déterminés par les dimensions des tableaux, et que ceux-ci sont ordonnés sur une invisible grille. Les travaux de F. Perrodin doivent ainsi être compris relativement au mur, à la salle qui les accueille et, par le jeu des reflets et des volumes, relativement au spectateur. C’est le fonctionnement de ces différents rapports que F. Perrodin désigne sous le terme de fréquentation.
Il convient donc de rappeler combien ces œuvres sont fréquentables,  alors même que leur austérité  semble éloigner toute idée de séduction et que la rigueur de leur programme les situe sur des allées peu passantes de la postmodernité. Scandées à fréquence régulière sur le mur, mutiques pourtant, comme altières, elles réclament une attention soutenue avant de se laisser appréhender pleinement.


François Perrodin est né en 1956 à Saint-Claude, Guadeloupe ; vit et travaille à Paris.