Nicolas Faure
exposition temporaire |
Vue partielle de l'exposition Franco Martin, Bruno Charneau, Sébastien Muths |
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Nicolas Faure, Commande publique, Strasbourg, 03.99-01.00 in cycle Vivement 2002 !, troisième épisode |
Les villes sont souvent la proie des chantiers qui en changent continûment la forme. Ils désorganisent les flux, obstruent les perspectives, déchirent l'espace commun. Leur violence fait parfois spectacle de ceux qu'on regarde pour moins les subir. Mais que regardons-nous des chantiers, qu'y voyons-nous ? Quelle considération, par exemple, accordons-nous aux acteurs des chantiers, aux ouvriers qui y travaillent sous nos yeux ? Comment les voyons-nous ? Les regardons-nous comme des sujets, des personnes, des hommes, plutôt que comme des objets, prothèses vivantes des machines mortes ? Leurs vêtements, si voyants soient-ils, ne les protègent-ils pas aussi du regard que nous pourrions porter sur eux ? Et leur uniforme ne nous protège-t-il pas du regard qui en ferait des semblables ? Ne nous accommodons-nous pas trop aisément de l'oblitération qu'il opère de leur individualité, de leur identité ? L'ère post-industrielle n'est-elle pas aussi celle de l'étrange altérité du travailleur manuel inquiétant reliquat d'une époque révolue ? Tout regard est un regard de classe en cela déjà qu'il range ce qu'il embrasse dans la classe des objets tant qu'il ne s'offre pas au risque de l'unique regard de l'autre. |
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