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  Jean Depara 

exposition temporaire
Jours tranquilles à Kinshasa   

Vue partielle de l'exposition

Devant Afro Negro
coll. CAAC, The Pigozzi collection, Genève

 






Jean Depara, Jours tranquilles à Kinshasa

in cycle Rien ne presse / Slow and Steady / Festina lente, septième épisode
E la nave va  /  du 9 juin 2004 au 12 septembre 2004

Depara Lemvu Jean, L. Jean D. Parent, L. Jean Whisckys Depara, AboubaKar Jean Whiskesse D. Parant, Lemvu Aboubacar, ces différents pseudonymes apposés au bas des clichés, désignent un seul et même homme : le photographe Jean Depara.
Cordonnier, réparateur de vélos, ferrailleur, maçon… Jean Depara devient photographe lorsqu’il achète en 1950 un petit appareil de la marque Adox chez un grossiste de Kinshasa.
« Studiotiste » le jour, dans son premier studio – le Jean Whyskys Depara – il portraiture jusqu’en 1956 les « Sénégalais », vocable générique qui sert à désigner toute la communauté ouest africaine immigrée, installée au Congo.
Remarqués par le chanteur Franco – grande vedette de la Rumba zaïroise – ses clichés le propulsent photographe attitré de celui qui fait danser toute la jeunesse kinoise sur des rythmes de Rumba et de Cha Cha, qui résonnent de jour comme de nuit dans les rues de Kinshasa, alors la plus grande ville d’Afrique, paradis de la frime et des sapeurs.
Dans le sillage de Franco et de son groupe le OKJazz, J. Depara fréquente les bars les plus en vue de la capitale : L’Afro Mogembo, le Champs-Elysées, le Djambo-Djambu, le Fifi, le Kongo Bar…
Arborant son flash en bandoulière, « comme un arc », il se fait chasseur d’images, captant l’autre image de l’Afrique, celle des couples mixtes, des jazzeurs aux postures de gangsters et des mauvais garçons, les « Bills », qui trompent leur ennui dans les salles de cinéma et s’inventent un univers et des devises à la James Dean : « Vivre vite et mourir ».
De cet univers interlope, aux relents de faux-semblants et de liberté équivoque, J. Depara tire des instantanés magnifiques qui sont la part la plus savoureuse et la plus personnelle de son travail. Devant son objectif, les femmes publiques et les belles célibataires perdent leur fard et s’abandonnent. Les couples d’un soir, surpris hagards dans leur commerce, posent pour la postérité. Ses reportages nocturnes révèlent l’envers d’une quotidienneté dont les codes sociaux volent en éclat la nuit venue pour céder le pas à un défoulement salutaire, qui fait oublier les incertitudes du climat postcolonial.
Faux-monnayeurs à ses moments perdus, J. Depara, accusé par ses voisins de faire diparaître, la nuit dans des pirogues, les jeunes femmes qu’il séduit, mène la vie agitée d’un semi-clandestin. Jusque-là agnostique, il se convertit tardivement à l’Islam, sans renoncer pour autant à son vice favori : le whisky. Après avoir occupé un emploi officiel – il est photographe attaché au Parlement zaïrois de 1975 à 1989 – il se met en retraite et construit des pirogues, laissant derrière lui des centaines de clichés qui témoignent des mutations profondes vécues par la société congolaise, dont la jeunesse, ivre de liberté et de modernité vit alors une crise identitaire profonde.

Nota Bene : Un ensemble de photographies de J. Depara a été montré pour la première fois à Genève, au Centre de la photographie en 2002.


Jean Depara est né en 1928 à Kbokiolo (Angola), il est décédé en 1997 à Kinshasa (Congo).