Stéphane Brunner
exposition temporaire |
Vues partielles de l'exposition |
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Stéphane Brunner, Aquarelles et Monotypes, 1999 in cycle Vivement 2002 !, premier épisode |
Sur l’artiste suisse, né en 1951, installé à Genève après de très longs séjours à Berlin et à Bruxelles, chacun serait tenté d’avoir aussitôt son idée : Stéphane Brunner opère en noir sur noir, le plus souvent à l’encre de Chine. Or, en revenant sur son travail, qu’il a déjà montré en 1983 et 1994, le Cabinet des estampes ne sait pas encore exactement où il va (mais le « retour sur image », déjà pratiqué par exemple pour Baselitz, l’avant-garde russe ou Robert Morris à la promenade du Pin, permet d’approfondir la connaissance d’un artiste). L’institution bénéficie en l’occurrence de l’heureuse mise à l’écart de l’exposition du type « produit fini » au bénéfice d’une situation d’atelier, qui est précisément celle de l’artiste quand il s’avance vers l’inconnu auquel il travaille. Oui, S. Brunner pourrait bien s’engager dans une nouvelle voie, qui n’est sans doute qu’une modalité autre d’une pensée fondamentale. Parti du projet d’explorer le monotype, cette estampe qui restitue l’empreinte habituellement unique d’une peinture à l’huile exécutée sur une plaque de cuivre ou de verre passée sous la presse, S. Brunner s’est tourné vers l’aquarelle, pour revenir à des monotypes presque entièrement déchargés (c’est-à-dire imprimés dix fois de suite, jusqu’à ce qu’il ne subsiste quasiment rien de la peinture initiale) et alors seulement repris à l’aquarelle, qui mêle ses transparences au ténu grainage sous-jacent. Bien sûr, cette peinture à l’eau dont la circulation s’articule autour de quelques points fixes dans ce qui persiste de la peinture à l’huile transférée et décantée sur le papier, vise comme il en va toujours dans l’œuvre d’art à organiser une surface, à habiter un champ d’action visuel (et spirituel), autant par la géométrie que par les inflexions et les couches étagées. Mais S. Brunner enrichit cet objectif de base d’une balance singulière entre le pinceau, modulateur dynamique, et l’impression, partenaire statique : l’un et l’autre instruments révèlent tout à la fois identiquement et différemment la qualité du papier. Les derniers travaux de S. Brunner, d’une incroyable qualité lumineuse, toujours difficiles à voir et à reproduire, continuent donc à s’adresser au regard, à la contemplation désirante engagée dans la durée. Ils orientent peut-être vers le « reliquat visible », dira-t-on en paraphrasant le « sing-barer Rest » de Paul Celan. Mais le « fameux » noir n’est pas du tout de la partie, ici. Nous sommes face à une « peinture claire », qui surprendra certes, mais ne constitue en rien une rupture de visée. |
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