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  Jean-Luc Blanc 

expositions temporaires
Plus de clavecin  
Sing-Sing, 1999-2000  

Sans titre, 1995
huile et crayons sur papier ; polyptique de 9 dessins ; 41 x 29 cm (chacun)
coll. Frac Haute-Normandie
    
Sans titre, 1997
crayons sur papier ; 26.5 x 23.5 cm
court. Galerie Art : Concept, Paris

 

 

 





Jean-Luc Blanc, Sing-Sing, 1999-2000

in cycle Vivement 2002 !, premier épisode
du 2 février 2000 au 9 avril 2000

Les dessins de Jean-Luc Blanc sont une compilation du déjà-là : des images qu’il tire de films, de cartes postales, de photographies de presse, de revues, de prospectus… pour former un répertoire boîteux dont il dit qu’il est à la mesure d’un « scandale commun, criard au possible », à ranger dans « un espace indéterminé et définitif, disons, entre l’enluminure et la porcherie ».

Avant de parvenir à l’état qui lui permet de pointer ce « scandale commun » ou, toujours selon ses propres termes, de « mesurer les racines de ce trouble qu’engendre toujours une image », J.-L. Blanc commence par multiplier des croquis qu’il laisse en quelque sorte se décanter. C’est dans cette phase que se déconstruisent les images déjà constituées qu’il sélectionne et que le motif est isolé. Résonnant dans le vide, hors du système signifiant dans lequel elle est habituellement perçue, la figure acquiert alors un caractère généralement incompréhensible. Comme un signe flottant, elle est projetée dans un espace où elle ne semble plus fonctionner que sur le registre du spectaculaire – soit comme une forme d’identification face à laquelle le spectateur doit faire appel à ses propres ressources pour recomposer un processus signifiant. C’est dans ce processus que chaque spectateur trouve l’occasion d’examiner la manière dont se constituent les ressorts les plus nus et les plus brutaux de son rapport à l’image : le pathétique et le sublime. Le pathétique, dans la manière dont une flamme de bougie, une chaise renversée, un crâne trépané, une femme accroupie de dos ou un homme en extase devant une banderole sur laquelle est inscrit « Jesus loves us » peuvent soulever des émotions qui semblent a priori susceptibles de saturer le champ de la représentation. Et le sublime, dans la manière dont les mêmes images renvoient presque inconditionnellement à l’effondrement du langage – le langage même qui devrait permettre d’appréhender ces images dans leur singularité suivant des catégories rationnelles. Certes, de même qu’il n’a cessé depuis une dizaine d’années de raffiner les moyens de parvenir à cet effet (en passant notamment du dessin au trait à la couleur, en renforçant par des gros plans le travail de la fragmentation, ou en s’intéressant à l'arrière-fond de ses figures), J.-L. Blanc n’hésite pas à ébaucher des séquences narratives. En témoignent par exemple les brefs énoncés qu’il reproduit sur des fonds noirs comparables à ceux qui venaient s’intercaler dans les films muets. Mais que signifient « dit say », « le cri prismal », ou « perles à rebours », sinon qu’il y a bien là production d’une disjonction ou signe d’une dysfonction qui ont pour conséquence de souligner la discontinuité de notre imaginaire. Sous ce jour, celui-ci n’apparaît alors pas tant comme un champ de ruines que comme un espace dont l’identité reste précaire et fluide, soumise à de multiples formes d'imprégnations, d'influences ou d’aliénations.


Jean-Luc Blanc est né en 1965 à Nice, il vit à Paris.