Donatella Bernardi
exposition temporaire |
Anne-Laure Kénol et Wolfgang Wengenroth |
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Donatella Bernardi, Fortuna, 2002-2005 in cycle Mille et trois plateaux, troisième épisode |
« Fortuna Berlin » (2005) met en scène deux personnages féminins, la ville de Berlin ainsi que des lieux que tout oppose : l’architecture solennelle et intimidante de l’aéroport Tempelhof, le futurisme de la salle du Philharmonique de Berlin, une boutique branchée de Mitte ou un club de boxe délabré et populaire de l’ancienne République démocratique allemande. Le titre du film est d’ailleurs explicite : en citant la capitale de la réunification, il emblématise l’importance du cadre géographique, social et culturel de toute destinée. Associé à l’allégorie de la chance et du hasard, il insère une réalité dans le mythe. En effet, si le film est fondé sur de vraies rencontres, de réelles données biographiques (Anne-Laure Kénol est une véritable cantatrice soprano professionnelle) et un travail documentaire circonstancié (l’actrice-doublure Rike Schubert s’est entraînée sous les instructions de Diana Hahn, boxeuse amateure berlinoise…), il se présente pourtant comme une fiction. Exercice de style sur l’interprétation, le film peut être considéré comme une variation sur l’opéra de Mozart « La Flûte enchantée ». N’y retrouve-t-on pas le récit initiatique, des personnages-types et le thème de la lutte et de la conquête ? La maîtrise du jeu des acteurs, des décors, des cadrages ou des dialogues, nourrie néanmoins d’improvisation, est en harmonie avec Anne-Laure / Justine qui dompte sa voix à merveille, rejette tout fatalisme et compose avec l’infortune et l’imprévu. |
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